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Feel different ...
6 avril 2014

Tendres souvenirs ...

sadness-2

Je me souviens de mes onze ans ... 

L'entrée en sixième dans une toute nouvelle ville, après avoir vécu plusieurs traumatismes lourds qui ont changé l'enfant que j'étais et certainement toute mon existence ... 

J'étais la petite fille qui ne parlait pas, qui ne souriait pas. Présente. Mais c'est tout.

Petite oui, on m'appelera "Naine"et c'est tout. Ce fut mon identité. Car, oui, je n'avais plus d'identité. Comme je vous l'ai dit plus tôt, j'ai vécu des traumatismes, on m'a derobé mon enfance, ma parole, mes pensées, ma conscience utopiste d'enfant, mes espoirs, mon sourire, ma joie ...

J'étais seule. 

Je n'avais pas d'amis. 

Pourtant, tout le monde autour de moi riait. Oui, mais ils riaient de moi. 

Vous savez ce qu'est la SEGPA ? C'est une classe qui est destinée aux enfants ayant trop de difficultés pour se trouver dans une classe de collège standard (oui "standard", pas "normal", je n'aime pas ce terme). Au collège, les élèves de Segpa sont considérés comme des "débiles", "les bizarres", "les attardés", "les handicapés mentaux". Ce qui est faux, bien entendu. Je ne compte plus les fois où on m'a demandé "hé, t'es pas en segpa ?". Non, je n'y étais pas. J'étais seulement la fille qui ne parlait pas. 

Tout ça peut paraître "bien gentil". Mais ce ne fut que le commencement. 

Et ça commence toujours de cette façon là ... avant que le harcèlement devienne de plus en plus cruel et invivable. (En passant, à vous, parents, qui lisez ceci, soyez attentifs à ce que vos enfants vivent quand ils sont à l'école, au collège ou même au lycée. Souvent, on en parle pas. On a honte et on se sent coupable. Alors on sombre. Mais ceci peut être évité si on se sent aidé, épaulé et protégé.)

Des coups, qu'ils soient dans les mots ou dans les gestes. Il n'y a que peu de différence. 

On ne peut pas se contruire, s'aimer et apprendre à avoir confiance en soi, quand tous les jours, pendant quatre ans, on est sans cesse humilié, dénigré, l'objet de toutes les moqueries, le défouloir de tous les élèves en recherche d'identité et de valorisation (par l'écrasement d'autrui ...). 

Je ne suis pas allée jusqu'au suicide. Mais je suppose que vous avez entendu parlé de certains cas relatés dans la presse. 

Ceci est à prendre au sérieux. Pour tous les enfants qui vivent ce calvaire  chaque jour, cela doit changer. 

 

 

 

 

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Commentaires
Z
Vous etes tout excusé.<br /> <br /> J'ai eu l'impression de relire un peu une partie de mon histoire, avec une différence fondamentale, c'est que je m'en suis sorti seul, ca m'a couté 3 ans, je veux dire par là, que j'ai triplé ma classe de 1ere, afin de laisser partir mes bourreaux et leur survivant...le bac a 20 ans, rien de glorieux, et l'impossibilité de suivre le cursus normal de peur de les retrouver...Au final, j'ai fini par quitter la région, et la détester pour ce qu'elle est. Je n'en veux pas à mes parents, je crois même qu'ils n'ont jamais touché du bout du doigts l'enfer que j'ai pu vivre à un moment de ma vie, pourtant, l'incapacité à aller au bahut, les crampes d'estomac, les maux de ventre, les visites chez le médecin, perdu dans ses diagnostics, sans être capable de nommer le mal qui me rongeait, soignait à coups de smecta...j'ai vécu également tout ça. Je n'en ai jamais parlé à personne, je traine sans doute encore derrière moi quelques casseroles, quelques névroses, mais ce n'est pas le sujet. Je suis parent moi même aujourd'hui, serais je capable de déceler ces calvaires chez mes enfants, je ne sais pas. Par expérience, on ne montre que ce que l'on veut bien montrer...Alors, je les écoute parler, je les regarde, je les espère fort...
J
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Tout d'abord, merci de votre commentaire. <br /> <br /> <br /> <br /> Alors, je comprends que vous ayez interprété mes propos de cette façon, je n'ai pas été assez claire, je présume. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que je voulais dire par là c'est que, contrairement à ce que l'on peut penser, les mots peuvent faire aussi mal, et même plus mal que les gestes comme vous le soulignez. <br /> <br /> <br /> <br /> Il s'agit ici de mon expérience personnelle puisque je me souviens qu'un jour, un surveillant du collège est venu discuter avec moi, voyant que je n'allais pas bien, je lui ai donc expliqué que j'étais la risée de tous en quelque sorte. Je ne me rappelle plus ses propos exacts, mais en résumé, il me disait que ce n'était que de simples moqueries et qu'il fallait que je n'y fasse plus attention.<br /> <br /> Et un autre jour, dans le couloir, une élève m'a giflé, totalement sans raison. Et tenez vous bien, c'est moi qui me suis retrouvé en heure de colle ... Parce que je l'avais soit disant provoqué. Ce qui était totalement faux.<br /> <br /> Les mots ET les gestes que j'ai pu recevoir, ont été traumatisants pour ma part. Et il est important que tout le monde comprenne ça, pour intervenir et soutenir les victimes.<br /> <br /> C'est l'origine probable de ma phobie sociale aujourd'hui. Heureusement, j'ai fait un travail sur moi avec un psychologue et aujourd'hui, je progresse chaque jour un peu plus, seule cette fois. <br /> <br /> <br /> <br /> On peut s'en sortir, même en ayant vécu tout ça. Et je tiens à le dire à toute personne qui a perdu espoir. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai vécu un calvaire et même bien après avoir terminé le collège. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai une phobie sociale. J'étais bien intégrée au lycée pour le coup, j'avais plein d'amis. Mais mon mal-être était toujours là. Ça a commencé par des attaques de panique de temps en temps, puis tous les jours, au lycée. Ce qui fait que j'étais souvent absente. En étant consciente, je suis allée voir ma CPE pour lui faire part de mes problèmes, en disant que j'étais suivie chez un psychologue le jeudi (c'est une structure gratuite pour les adolescents qui les prend en charge sur le temps scolaire). Elle m'a menacé de me renvoyer et a refusé que j'aille à ces séances, même sur présentation des justificatifs fournis par la structure en question. <br /> <br /> La seule solution pour moi, n'ayant toujours pas trouvé une écoute attentive à mes problèmes, c'était de quitter le lycée en terminale. Ce que j'ai fait (évidemment, c'est cette année là que cette CPE a été renvoyée de son poste). Et j'ai donc passé mon bac par correspondance. Sauf que là, on entre dans un cercle vicieux, parce qu'on s'isole encore plus et qu'on ne peut surmonter ses angoisses que si on y est régulièrement confronté. Alors tout devient angoisse. Et on ne s'en sort plus. Les attaques de panique n'ont pas cessé et me priver de vie sociale a aggravé les choses. <br /> <br /> <br /> <br /> Après deux ans d'inactivité, j'ai été voir un psychologue compétent, qui m'a donné les clés pour m'en sortir. Depuis, j'ai repris mes études et je fais partie des meilleures élèves de ma licence, alors que n'atteignait pas la moyenne au lycée ... Je dis cela sans prétention, simplement pour montrer à ceux qui me lisent qu'on peut s'en sortir. Le chemin est long, moi même, je pense ne pas être à la moitié de ce qui me reste encore à parcourir pour me dégager totalement de ces traumatismes, mais j'arrive de nouveau à vivre vraiment. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que je veux dire donc c'est qu'il ne faut pas laisser ces traumatismes, aussi coriaces et cruels soient-ils, avoir raison de nos vies. Nous pouvons être plus forts qu'eux, nous avons tous le droit d'être heureux et de nous sentir enfin légers. <br /> <br /> <br /> <br /> Excusez moi pour le pavé, il est vrai que j'ai beaucoup dévié du sujet.
Z
Bonjour,<br /> <br /> je ne suis pas d'accord avec vous, les coups portés par les mots sont bien plus violent au final que par les gestes. Car ils restent à jamais imprégné en vous. On peut croire pendant des années qu'ils sont oubliés et un jour ils reviennent, intact, comme au premier jour...La violence verbale que l'on subit au moment de l'adolescence, au moment ou l'on se construit, en équilibre sur un fil, peut être destructrice sur le coup. mais elle peut aussi rester coincés entre deux interstices, comme un virus, vous contaminant petit à petit, vous empêchant de grandir presque...<br /> <br /> C'est important de dire les choses, même si ca ne les annule pas, ca permet de nommer le mal qui ronge...
Feel different ...
  • Entre phobie sociale et hypersensibilité ... Mon quotidien ... Mon passé ... Mes peurs m'accompagnent et j'accompagne mes peurs ... J'espère pouvoir, à travers mon témoignage, montrer à d'autres qu'ils ne sont pas seuls à se sentir différent.
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